Le plus souvent les vrais féministes ne fréquentent pas la scène médiatique.
Les vraies féministes sont rarement obsédées par la grammaire, la linguistique et le supposé substrat patriarcal de la langue française.
Les vrais féministes s’intéressent moins aux principes, aux abstractions stériles, aux intellectualisations inconsistantes qu’à la souffrance humaine.
Les vraies féministes ne projettent pas leurs névroses exubérantes sur la souffrance féminine.
Elles ou ils entendent cette souffrance avec leur cœur.
Les vrais féministes ne comprennent pas qu’en France, au 21ème siècle, le traitement judiciaire du viol soit aussi déplorable.
Elles ou ils ne comprennent pas qu’en France, alors que les violences sexuelles n’ont pas diminué, entre 2008 et 2018, il y a eu 40 % de condamnations pour viol en moins et qu’entre 2019 et 2020, ces condamnations ont chuté de 31 %.
Ils ne comprennent pas que la police, les psychiatres, les magistrats puissent demeurer aussi incultes et insensibles en matière de psychotraumatismes consécutifs à des violences sexuelles.
Les vrais féministes combattent l’exécrable discours sur la décence.
Elles ou ils ne supportent pas à raison le discours consistant à déresponsabiliser l’Homme[1] parce que :
=> la femme aurait eu une attitude provocante,
=> serait allée seule chez un inconnu,
=> aurait flirté,
=> les adolescentes auraient une attitude séductrice,
=> la femme portait une tenue très sexy,
=> la femme était alcoolisée
=> la femme a mis du temps à se souvenir de son viol
Le vrai féministe sait que la pudibonderie religieuse ou laïque est l’ennemie de l’humanité et en particulier de la femme.
Si les tribus amazoniennes dont les membres évoluent nus sans pour autant que les mâles ne cèdent à l’envie irrépressible de sauter sur les femelles, pourquoi certaines sociétés se représentant à tort comme plus évoluées, en sont réduites à imposer aux femmes de couvrir leurs corps pour éviter qu’elles soient victimes de pulsions masculines incontrôlées ?
En 2023, en France, la banalisation du viol est une réalité désespérante et l’ignorance des impacts des violences sexuelles sur les enfants ou les adultes, révoltante.
Ce court article qui s’appuie principalement sur les travaux de Muriel Salmona, vise justement à instruire le lecteur sur la « fabrique des psychotraumatismes » et sur leurs effets.
Que se passe-t-il dans le psychisme de l’enfant pendant un viol ?
Le viol constitue « une effraction psychique » d’une violence inouïe qui sidère l’appareil cognitif. L’amygdale cérébrale se met à produire une réponse émotionnelle de « survie, automatique et non consciente ».
Le danger étant identifié et son intensité évaluée comme maximale, l’amygdale ordonne aux glandes surrénales d’hormones du stress de produire en quantité de l’adrénaline et de la cortisol.
Il s’agit ici d’un mécanisme qui trouve sa trace dans l’évolution.
Il y a 100.000 ans, la production de ces hormones permettait à l’homme préhistorique se retrouvant soudainement en face d’un lion, de bénéficier d’un apport important d’énergie lui permettant de réagir.
« Son cœur se contractait plus fort et plus vite, son débit sanguin augmentait, son fréquence respiratoire s’accélérait et un état d’hypervigilance se déclenchait.»
Le viol pour un enfant, c’est d’abord l’impensable, un évènement tristement extraordinaire dont il ne peut faire sens, tant cet évènement n’est rattachable à aucun évènement passé à aucune rationalité.
La situation ainsi vécue est vue comme dangereuse. L’enfant est dans l’impossibilité de le rattacher à une expérience passée, à une rationalisation, de le penser avec des mots.
Le cortex cérébral, informé du danger, se met à scanner désespérément avec l’aide de l’hippocampe, la mémoire pour tenter d’y trouver des données se rapportant à l’évènement traumatique, à ce viol en train de se produire.
Devant l’absence de sens, de signification, d’intelligibilité de cet évènement, aucune donnée n’est collectée, si bien que le néo-cortex, la partie du cerveau qui « raisonne », ne peut faire sens de la situation, c’est-à-dire mettre des mots, produire une rationalisation en rapport avec les agissements violents de l’agresseur.
C’est alors que l’activité corticale de la victime se paralyse. Elle plonge dans un état de sidération.
Le cortex n’ayant plus de prise sur le rythme de la production des hormones du stress, les glandes surrénales commandées par l’amygdale cérébral continue à s’emballer et à produire toujours plus.
L’organisme de la victime est alors en danger, le trop d’hormone étant susceptible de générer une toxicité fatale de nature à entrainer la mort biologique.
En réaction, le cerveau déclenche un mécanisme de survie extrême. Il fait purement et simplement « disjoncter » le circuit émotionnel, en sécrétant en urgence, un puissant cocktail de drogues dures endogènes comme la morphine et la kétamine qui interrompt les connexions entre l’amygdale, le siège des émotions et les autres parties du cerveau.
Ainsi, le risque vital disparait mais le coût de la mise en œuvre de ce mécanisme de défense sera énorme.
Un phénomène de dissociation se produira. La victime se représentera comme étrangère aux évènements à l’agression violente toujours en cours. Elle deviendra spectatrice passive de ces évènements dramatiques, mais ne ressentira plus rien.
Les conséquences seront terribles, « l’hippocampe déconnectée de l’amygdale ne pourra plus encoder, intégrer, mémoriser, l’évènement violent, sous forme de souvenir autobiographique. ».
Ainsi la mémoire de l’émotion attachée à cet évènement restera piégée dans l’amygdale cérébrale et pourra resurgir sans que le néocortex puisse venir contrôler l’irruption émotionnelle.
La mémoire émotionnelle encapsulée, isolée dans l’amygdale, « échappera alors à toute analyse, à tout travail de réécriture » susceptible de produire un discours autobiographique apte à faire sens, même à postériori, de l’évènement traumatique constitué par le viol.
Quelles sont les conséquences de ces psychotraumatismes ?
Les conséquences sur la vie de la victime seront souvent terribles. 10 ans, 20 ans, 30 ans… après le viol, cette mémoire émotionnelle, dite « traumatique », pourra exploser à tout moment et générer une émotion d’une intensité insupportable.
Des anesthésies partielles ou totales seront souvent la conséquence du phénomène de disjonction que nous avons décrit plus haut. Si bien que devant la police, un tribunal, le récit des victimes sera parfois incomplet, confus, ce qui souvent desservira leur cause.
Le plus souvent la victime n’aura pas la chance d’être prise en charge par des thérapeutes compétents disposant de la connaissance du mécanisme que je viens de décrire.
Une odeur, une association mnésique, une couleur, un vêtement viendront lui rappeler un trait de son agresseur ou la scène du viol, ce qui aura pour effet d’activer sa mémoire traumatique et de générer la même réponse émotionnelle que celle ayant eu cours lors de l’agression traumatique.
La victime cherchera alors à contrôler cette émotion violente sans y parvenir. Consciente de la répétition de ces explosions émotionnelles douloureuses, elle cherchera inconsciemment ou consciemment, à détecter les stimuli de la vie quotidienne générateurs de cet état émotionnel insupportable, pour les fuir, les éviter, afin de limiter les déclenchements intempestifs de cette réponse émotionnelle piégée dans l’amygdale.
C’est ainsi qu’elle mettra en place des stratégies d’évitement qui lui imposeront beaucoup de contraintes et gâcheront une partie de sa vie.
Parfois, elle ira plus loin et cherchera à générer le même processus de disjonction que celui que nous avons décrit plus haut. Elle se mettra alors à s’alcooliser, à prendre des drogues dures, à prendre des risques inconsidérés, à se frapper, à s’infliger des souffrances physiques, à se faire du mal, jusqu’à déclencher cette disjonction pour subir les effets des hormones ainsi libérées.
Malheureusement, les suicides seront fréquents. Parfois, elle reproduira sur ses enfants ce qu’elle a subit. Et le cycle de la violence se perpétuera.
La victime aura du mal à trouver son équilibre, mener une vie « normale ». Parfois, elle s’interdira de trouver un conjoint, d’avoir des enfants, de peur de mettre en danger les êtres qu’elle aurait pu aimer.
Le livre de Muriel Salmona explique tous ces phénomènes mieux que moi et le but de cette article n’est pas d’expliquer à sa place.
Le but de cet article est de sensibiliser le grand public, les policiers, les juges, les psychiatres, les psychologues.
La lecture du livre de Muriel Salmona devrait être obligatoire. Qu’un psychiatre ou qu’un psychologue ne possède pas la connaissance complète des processus décrits dans ce livre est juste hallucinant.
Quant au gouvernement, dont on attend rien en terme de souveraineté stratégique, de vision géopolitique…dont on a le sentiment que le « sociétal » serait son sujet, qu’attend-il pour agir réellement contre la banalisation du viol et le traitement des victimes ?
Personnellement, si j’étais Président, j’inviterais le docteur Salmona et lui demanderait, de créer un fascicule de 30 pages résumant avec un maximum de pédagogie son livre de sorte à pouvoir intégrer ce fascicule dans un module d’enseignement obligatoire dès le collège.
Au-delà de la focalisation salutaire de l’auteur sur les victimes, ce livre permet également de mieux comprendre les blocages émotionnels qui entravent l’apprentissage, la connaissance de soi, et d’une manière générale le perfectionnement cognitif individuel.
La puissance d’une nation reposant sur la vigueur de la pâte humaine et sur son capital cognitif, indirectement l’œuvre de Muriel Salmona contribue à dissoudre les obstacles émotionnels au perfectionnement cognitif.
[1] Tiré du livre du docteur Muriel Salmona, « Le livre noir des violences sexuelles »
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