EuroMaïdan : Comment le couple EU-US a semé les graines de la Guerre en Ukraine

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut rappeler la doctrine de M. Zbigniew Brzezinski, l’un des plus prestigieux stratèges américains.

Ce polonais d’origine considérait qu’après l’effondrement soviétique, les US devait avoir vocation « à guider la planète, à en contrôler les ressources énergétiques, à déployer partout leur armée, à modeler la civilisation mondiale ».

Selon ce stratège influent, dont la pensée a infusé le milieu néocons américain, l’ex-URSS, constituait un «vaste trou noir» rempli de dangers, mais aussi de richesses pétrolières.

Le monde diplomatique en Juillet 2004 résumait ainsi la pensée de ce néoconservateur américain :

« Mal désoviétisée, la Russie devrait être définitivement séparée de l’Ukraine, refoulée du Caucase et de l’Asie centrale, dont les hydrocarbures seraient exportés hors de son contrôle.

Moscou affaibli, l’équilibre géopolitique serait plus favorable.

On pourrait affranchir les républiques nord-caucasiennes, cette « constellation de petites enclaves ethniques encore sous domination russe ».

« Les deux Azerbaïdjan (ex-URSS et Iran) se réunifieraient ».

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Dès 1992, la stratégie américaine pour l’Europe était la suivante :

  • Élargissement de l’Otan et de la CEE vers l’Est
  • Œuvrer contre une trop forte intégration des douze ayant pour effet de compromettre l’intégration des pays de l’Est.
  • Empêcher les douze de mettre en place un système autonome de défense européen.
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Quant à la question de l’extension de l’OTAN vers l’Est, elle ne date pas d’hier.

Dans le document ci-dessous révélé on peut lire : « Si nous maintenons une présence dans une Allemagne qui est membre de l’OTAN, il n’y aurait pas d’extension de l’OTAN d’un seul pouce vers l’Est. »

Après avoir décrit l’atmosphère de l’après-guerre froide, il convient d’entrer dans le vif du sujet, à savoir, l’EuroMaïdan et ses conséquences.

En 2013, l’Ukraine était intégrée depuis 1991 à la communauté des États Indépendants (CEI) qui regroupait les 15 anciennes républiques soviétiques, cette zone de libre-échange étant censée évoluer en union douanière un peu à la manière de la CEE (Communauté économique européenne).

Alors que l’Ukraine était sur le point de s’arrimer économiquement à la Russie, les oligarques ukrainiens s’activèrent pour inciter Petro Porochenko, 7ème fortune d’Ukraine, à préférer un accord d’association avec l’UE.

C’est ainsi que lorsqu’il fut nommé ministre du commerce, Porochenko négocia ce projet d’association qualifié de « plus ambitieux accord bilatéral » jamais signé par l’UE, lequel se traduisait par une baisse de 99% des droits de douane.

Le 25 février 2013, José Manuel Barroso, alors Président de la commission européenne, déclarait qu’« un pays ne pouvait être à la fois membre d’une union douanière (avec la Russie) et intégrer une zone avancée de libre-échange avec l’UE ».

L’Ukraine se trouvait ainsi en 2013 devant un dilemme qui allait produire de terribles secousses face à la demande insistante de l’UE exigeant qu’elle choisisse son camp, comme si il devait il y avoir des camps.

Sur le plan économique, 2013 est une mauvaise année pour l’Ukraine. Le président Ianoukovytch se voit contraint de demander une aide de 20 milliards d’euros par an à l’UE qui ne lui accorde « que » six cents millions d’euros.

François Hollande lui répond : « Nous ne pouvons pas payer l’Ukraine pour qu’elle rejoigne l’accord d’association. Non, nous ne paierons pas. » (The Telegraph, 29/11/2013)

Lanoukovytch, lui, souhaite un accord trilatéral n’excluant pas la Russie. Il demande que la signature de l’accord avec l’UE soit différée jusqu’à ce qu’une telle solution puisse être mise en place.

Cette proposition que l’UE aurait pu saisir pour se rapprocher de la Russie fut simplement rejetée par Barroso, le Président de la commission européenne.

« Quand nous signons un accord bilatéral, nous n’avons pas besoin d’un traité trilatéral » dira t-il.

Vladimir Poutine lui répondra qu’ « un accord de libre-échange Ukraine-UE représenterait une grande menace pour la Russie et déboucherait sur une hausse du chômage  » et posera la question suivante : « Devons-nous étrangler des pans entiers de notre économie pour que l’Europe nous apprécie ? (BBC 26.11.13)

Finalement la Russie acceptera d’injecter 20 milliards par an en Ukraine.

Un accord en ce sens sera signé le 17 décembre 2013 par le Président Ianoukovytch.

Malheureusement l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Porochenko en décida autrement.

A cet stade, il convient d’examiner la thèse selon laquelle, les EU et surtout les USA manipulèrent le pouvoir contestataire des Pro-UE et créèrent le mouvement EuroMaïdan financé en partie par le ministre oligarque, Petro Porochenko.

Le 7 février 2014, le Kyiv Post, un journal Ukrainien pro-occidental faisait état d’un sondage basé sur un échantillon représentatif de 2600 personnes, selon lequel 48 % ne souhaitaient pas de rapprochement entre l’Ukraine et l’Europe et ne soutenaient pas le mouvement « EuroMaïdan » contre 45 % des sondés qui supportaient les manifestations.

Coup d’État ou révolution ?

Lorsqu’un gouvernement, supporté par la moitié de la population, et contesté par l’autre moitié, est renversé par l’usage de la violence, doit-on parler de « Révolution » ou de « Coup d’État » ?

Si les gilets jaunes avaient renversé le gouvernement français, la communauté internationale aurait-elle applaudi ?

La manipulation du pouvoir contestataire théorisée à l’occasion de la guerre du Kosovo, ne date évidemment pas d’hier.

Avioutskii, Viatcheslav dans son article « La Révolution orange en tant que phénomène géopolitique », Hérodote, vol. 129, no. 2, 2008, pp. 69-99, écrit ceci :

« L’opposition a pu compter sur l’aide des ONG et fondations occidentales « spécialisées » en révolutions de velours telles Freedom House et la fondation Open Society Institute de George Soros, mais aussi des think tanks américains comme le National Democratic Institute (NDI), dépendant du Parti démocrate, ou encore l’International Republican Institute (IRI), lié au Parti républicain.

Ces organisations avaient de nombreux relais sur place parmi lesquels figure l’acteur le plus important – le mouvement étudiant Pora. Au-delà de cette influence indirecte, les États-Unis et l’Union européenne ont utilisé des canaux officiels pour exercer une forte pression afin que les élections se déroulent honnêtement. Le président polonais Aleksander Kwas´niewski et son homologue lituanien Valdas Adamkus, accompagnés de Javier Solana, ont été appelés à offrir leur médiation durant la crise de novembre 2004. »

Il conclut : « Il est indéniable que les campagnes organisées par les mouvements de jeunesse, comme Pora, se sont révélées efficaces dans la transformation politique de l’espace postcommuniste.

Elles s’appuient sur des militants formés et financés par des ONG et des fondations essentiellement américaines qui mettent à leur disposition un canevas intellectuel, des formations pratiques et d’importants moyens financiers et matériels.

Ces organisations de jeunesse qui agissent par-delà les frontières et constituent de ce fait des mouvements transnationaux remettent en cause le principe de souveraineté nationale qui dominait auparavant l’analyse géopolitique classique. Les États-Unis s’avèrent être les pionniers en la matière, même s’ils n’ont pas le monopole de ce principe. »

La transcription ci-dessous d’une interview de Georges Soros par CNN démontre qu’effectivement les US n’ont jamais cessé d’agir sur l’opinion publique ukrainienne.

ZAKARIA: « D’abord sur l’Ukraine. L’une des choses que beaucoup de gens ont reconnues à votre sujet, c’est que vous, pendant les révolutions de 1989, avez financé de nombreuses activités dissidentes, des groupes de la société civile en Europe de l’Est et en Pologne, en République tchèque. Faites-vous des choses similaires en Ukraine ? »

SOROS :  « Eh bien, j’ai créé une fondation en Ukraine avant que l’Ukraine ne devienne indépendante de la Russie.

Et la fondation fonctionne depuis. Et cela a joué un – un rôle important dans les événements maintenant. » (Il parle des évènements de Maïdan).

Victoria Nuland, la célèbre sous-secrétaire d’État américaine qui prononça le fameux « Fuck the EU », révélait le 13 décembre 2013 devant la fondation US-UKRAINE que les États Unis avaient dépensé 5 milliards de dollars pour aider les ukrainiens à « satisfaire » leurs « aspirations », à savoir se détourner de la Russie pour rejoindre l’Occident.

Le 7 février 2014, BBC NEWS reproduisait la transcription d’une conversation entre Victoria Nuland et l’Ambassadeur US en Ukraine et titrait : « la fuite de la conversation téléphonique de Victoria Nuland (avec l’ambassadeur américain en Ukraine) montre la mainmise des US sur l’Ukraine »

Cliquez pour accéder à l’article de la BBC

On y entend Victoria Nuland échanger avec l’Ambassadeur américain en Ukraine et proférer son célèbre « Fuck the UE ».

La transcription de cette conversation met en scène une V. Nuland qui bloque un candidat pour le poste de premier ministre et choisit seule son candidat qui sera effectivement désigné 1er ministre par la suite.

Ci-dessous, un extrait de la fameuse transcription de la conversation de V. Nuland avec l’ambassadeur des US en Ukraine (Pyatt) :

Nuland: Je ne pense pas que Klitsch (l’actuel Maire de Kiev et ancien boxeur, Wladimir Klitschko) devrait entrer dans le gouvernement, ce n’est pas nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Pyatt: Oui. Je suppose… en cette matière qu’il n’entre effectivement pas dans le gouvernement, laissez-le simplement rester dehors et faire ses devoirs politiques et tout.

Je pense juste en termes de sorte de processus qui va de l’avant, nous voulons garder les démocrates modérés ensemble.

Le problème va être Tyahnybok [Oleh Tyahnybok, l’autre chef de l’opposition] et ses gars et je suis sûr que cela fait partie de ce que [le président Viktor] Ianoukovitch calcule sur tout cela.

Nuland: Je pense que Lats (Latseniouk) est le gars qui a l’expérience économique, l’expérience de gouvernance. Il est le… ce dont il a besoin, c’est de Klitsch et de Tyahnybok à l’extérieur.

Il doit leur parler quatre fois par semaine, tu sais. Je pense juste que Klitsch entre… il va être à ce niveau en travaillant pour Yatseniuk, ça ne marchera tout simplement pas.

Pyatt: Ouais, non, je pense que c’est vrai. D’ACCORD. Bien. Voulez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ? »

Justement, le 27 février 2014, cinq jours après la destitution du président Ianoukovytch, dont l’élection avait été certifiée par l’OSCE, Latseniouk est nommé premier ministre.

Victoria Nuland, nomme donc le Premier ministre ukrainien, au moins 3 semaines avant la chute censée « non prévisible« , du président régulièrement élu se produise.

Par la suite, des personnes nées à l’étranger se verront attribuer la nationalité Ukrainienne juste quelques heures avant leurs prises de fonction de sorte à intégrer le nouveau gouvernement.

Le journal « Le Monde » rapportera le 2 décembre 2014 ce qui suit :

« Cette équipe comporte une surprise de taille et une nouveauté : trois étrangers y prennent des responsabilités de premier ordre.

Le ministère des finances est attribué à Natalia Iaresko, ressortissante américaine d’origine ukrainienne, qui a fait une partie de sa carrière au département d’Etat, le ministère des affaires étrangères américain, avant de travailler dans le privé. » où elle supervisera un fonds de capital-investissement créé par le gouvernement américain pour investir dans le pays, et sera PDG d’Horizon Capital, une société d’investissement qui administre divers investissements occidentaux dans le pays

Un Lituanien, Aïvaras Arbomavitchous, ancien champion de basket mais surtout dirigeant de la filiale kiévienne du fonds d’investissement East Capital, est nommé à l’économie.

Enfin Sandro Kvitachvili, ancien ministre géorgien de la santé et du travail, prend le ministère de la santé, un poste important tant le système de santé ukrainien est miné par la corruption.« 

Le Monde poursuit : « Ces trois entrées détonnantes sont une initiative du président Porochenko, qui a réservé aux « étrangers », comme les désigne déjà la presse ukrainienne, une partie des postes qui revenaient à son parti. Les décrets de naturalisation ont été pris en urgence, mardi. »

Sur la conversation entre Nuland et l’Ambassadeur, l’article de la BBC précisera : « le gros de la conversation montre que les US manipulent l’Ukraine autant que le fait la Russie, et c’est là le vrai désastre diplomatique »

Ce que révèle cet enregistrement, c’est que Victoria Nuland semble considérer que la chute du Président en exercice est acquise.

Une telle certitude pourrait s’expliquer soit une intelligence de l’histoire et des évènements, soit plus simplement parce qu’un plan a été élaboré à cet effet.

Ceux qui pourrait douter qu’un tel plan ait pu être envisagé et seraient tentés de considérer cette hypothèse comme complotiste, ne sont certainement pas familiers avec le concept de « regime change » qui est devenu une spécialité des US au soutien de laquelle la division des « opérations psychologiques » est toujours mobilisée.

Sur les nombreuses mises en application de « regime change », à titre d’introduction, je conseille au lecteur de consulter l’article ci-dessous de Wikipédia.

Sur la mise en application pratique des techniques de « regime change » des US, l’article ci-dessous recense 7 gouvernements étrangers qui furent renversés au moyen d’opérations menées par la CIA.

Rétrospectivement, le Think Tank CATO INSTITUTE déclarait en 2017 concernant les évènement de Maïdan de 2014 : « L’ampleur de l’ingérence de l’administration Obama dans la politique ukrainienne était à couper le souffle. »

Un deuxième élément vient étayer la thèse de l’orchestration du coup d’État, il s’agit de la mise en œuvre d’une opération de type « false flag », « fausse bannière » en français.

Concrètement, des snipers tirèrent sur la foule avec des balles réelles provoquant la mort de nombreux manifestants.

L’opinion publique considéra que les forces gouvernementales étaient responsables de ce massacre de civils et que le Président Ianoukovytch avait lui-même ordonné de tirer sur la foule.

Non seulement la communauté internationale fut outrée par ces tirs sur la foule mais surtout, des Ukrainiens de l’Ouest qui à l’origine n’étaient pas pro-EU basculèrent dans le mouvement pro-Euromaïdan.

Finalement le président ukrainien sera démis par le parlement, bien que la loi constitutionnelle ne le permettait pas, et ce, en l’absence de vote des députés élus de son propre parti.

Depuis, des chercheurs ont travaillé sur les images et en particulier un chercheur ukro-canadien qui décrit son étude comme il suit :

« Cette étude analyse les révélations du procès et de l’enquête en Ukraine concernant le massacre qui a eu lieu à Kiev le 20 février 2014.

Ce massacre de manifestants et de policiers sur le Maïdan a conduit au renversement du gouvernement de Ianoukovitch et finalement à l’annexion russe de la Crimée, la guerre civile et les interventions militaires russes dans le Donbass, ainsi que les conflits entre l’Ukraine et la Russie et la Russie occidentale que la Russie a aggravés en envahissant illégalement l’Ukraine en 2022.

La majorité absolue des manifestants blessés de Maïdan, près de 100 témoins à charge et à décharge, des vidéos synchronisées et des informations médicales et médicales, les examens balistiques effectués par des experts gouvernementaux ont montré sans équivoque que les manifestants de Maïdan ont été massacrés par des tireurs d’élite situés dans des bâtiments contrôlés par Maïdan.

Cependant, à ce jour, en raison du caractère politiquement sensible de ces découvertes et de cette dissimulation, personne n’a été condamné pour ce massacre.

L’article discute des implications de ces révélations pour la guerre entre l’Ukraine et la Russie et pour l’avenir des relations russo-ukrainiennes.

La conclusion de ce chercheur qui a peiné à s’imposer mais qui fait désormais l’objet d’un consensus, c’est que les tirs adressés à la foule provenait de bâtiments contrôlés par les pro-maïdans.

Cliquez pour accéder à l’étude

Ainsi, la réalité de l’opération « false flag », « fausse bannière » est raisonnablement établie.

On peut par conséquent parler d’un véritable coup d’État, d’une opération de « regime change ».

Les US ont-ils validé l’opération « fausse bannière » et participé à l’organisation du coup ?

Sur le sujet on peut affirmer que les US ont déjà envisagé ce type d’opération.

L’opération Northwoods par exemple, impliquait des « scénarios tels que la fabrication de détournements ou d’abattages d’avions de ligne et militaires, le naufrage d’un navire américain à proximité de Cuba, l’incendie de récoltes. le naufrage d’un bateau rempli de réfugiés cubains, les attaques de prétendus infiltrés cubains à l’intérieur des États-Unis, le harcèlement des avions et des navires américains et la destruction de drones aériens par des avions déguisés en MiG cubains » dont il était prévu qu’ils soient imputées à Cuba pour servir de prétexte à une invasion américaine et au renversement de Fidel Castra.

Finalement, bien que validée par le chef d’État major des armées, John Fitzgerald Kennedy refusera de recourir à ce stratagème.

Une autre opération « TPAJAX » fut élaborée par la CIA. Cependant, les archives relatives à cette opération ayant brulé, l’impact de cette opération américaine dans le coup d’État de 1953 en Iran, est difficile à évaluer pour les historiens.

Ci-dessous, la reproduction d’un article Wikipédia sur l’opération « False Flag » TPAJAX :

« Le 4 avril 1953, la CIA reçut l’ordre de saper le gouvernement iranien sur une période de quatre mois, en prévision du renversement du Premier ministre Mohammad Mosaddegh.

Une des tactiques utilisées pour saper Mosaddegh consistait à mener des attaques sous fausse bannière « contre des mosquées et des personnalités publiques clés », imputées aux communistes iraniens fidèles au gouvernement.

La tactique d’une « campagne dirigée d’attentats à la bombe par des Iraniens se faisant passer pour des membres du parti communiste » impliquait le bombardement d’« au moins une » maison d’un musulman bien connu par des agents de la CIA se faisant passer pour des communistes.

La CIA a déterminé que la tactique des attaques sous fausse bannière ajoutait au « résultat positif » du TPAJAX.Cependant, comme « la CIA a brûlé presque tous ses dossiers sur son rôle dans le coup d’État de 1953 en Iran », la véritable ampleur de cette tactique a été difficile à discerner pour les historiens. »

Démontrer formellement que de tels plans aient pu un jour être mis en œuvre est difficile même si l’opération TPAJAX semble avoir été au moins partiellement exécuté.

Aujourd’hui, à la lecture des éléments ci-dessus, il est donc difficile de balayer d’un revers de main l’hypothèse d’un coup d’état orchestré par les US ou ayant au moins reçu l’assentiment de Washington.

L’ingérence américaine, elle, ne fait strictement aucun doute. Le 15 décembre 2013, le sénateur McCain se permet de s’adresser directement à la foule des protestataires.

Quatre jours auparavant, la sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, distribue des sandwiches aux protestants et ce au cœur de Kiev, de la même manière qu’elle aurait pu le faire aux gilets jaunes qui voulaient prendre d’assault l’Elysée.

Ces actions symboliques ne furent pas gratuites. Elles visèrent à faire passer un message fort à la foule, à savoir : « les US vous soutiennent et continueront à vous soutenir« .

Aujourd’hui, l’analyse rétrospective des faits démontre que sans l’effet des groupes violents qui s’agrégèrent à la foule des manifestants et sans l’effet produit par l’opération false Flag, le Président Ukrainien n’aurait pas été déposé.

Quelques semaines avant la chute du Président, Victoria Nuland procède comme si celle-ci était irrémédiablement acquise, ce qui tend à accréditer l’idée d’une opération de « regime change » orchestrée par les États Unis, et ce, d’autant, que ce type d’opérations fut fréquemment pratiqué par les US.

Comme le relatait, Politico dans un article du 21 février 2014, « le Président ukrainien, Viktor Yanukovych, et les trois principaux opposants avaient signé un accord négocié par l’Union Européenne et la Russie, pour mettre fin à la violence et et préparer une transition politique. »

Ainsi, il était prévu l’organisation de nouvelles élections en décembre 2014, une amnistie pour les protestants et le rétablissement de la constitution de 2014.

Parmi les trois opposants signataires de l’accord européen, il y avait le boxeur Vitaly Klitschko dont Victoria Nuland ne voulait pas comme premier ministre et Arseniy Yatsenyuk que la sous-secrétaire d’État avait choisi pour ce poste.

Quant au troisième signataire, il s’agissait d’Oleh Tyahnybok, antisémite notoire.

Le lendemain de cet accord le Président régulièrement élu sera déposé et le 27 février 2014, cinq jours après la destitution du Président, Arseniy Yatsenyuk, conformément à la décision de Victoria Nuland, sera effectivement nommé Premier ministre.

Le sénateur Mc Cain sera d’ailleurs interpellé fin 2013 par des journalistes après avoir été photographié en compagnie de cet ultra-nationaliste, qui souhaitait que la mention de l’ethnicité soit imposée sur le passeport, et qui parlera « des moscovites, des allemands, des kikes (dénomination péjorative des juifs), et des autres ordures qui veulent prendre possession de la nation ukrainienne. »

La suite on la connait. Certains journalistes de premier plan l’avaient anticipée dès le 13 mai 2014, notamment John Pilger qui dans « The Guardian » écrivait : « en Ukraine les US nous entraine dans une guerre contre la Russie »

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Le 21 avril 2010, le journal « Le Figaro » rapportait « qu’en contrepartie d’un accord sur le prix du gaz russe, l’Ukraine permet(tait) à la Russie d’asseoir sa présence militaire sur la mer Noire. »

Sachant que Sébastopol abrite la flotte russe, puis soviétique, de la mer Noire depuis la fin du XVIIIe siècle, nul besoin d’être un grand stratège pour comprendre que le coup d’État de Maïdan et les accords avec l’OTAN menaçait la pérennité de cette base navale stratégique. L’annexion de la Crimée russe était donc éminemment prévisible.

A cet stade, je pose la question au lecteur : Est-il possible de ne pas entrevoir la responsabilité de l’UE et des US dans ce conflit ?

Le réel existe et son examen démontre que la gouvernance européenne, l’expansionnisme européiste, l’avidité de la commission européenne, l’intransigeance de José Manuel Durao Barroso, de ses donneurs d’ordre, l’ingérence américaine sont à l’origine de la mort de centaines de milliers d’ ukrainiens et de russes.

Le 25 février 2022, le lendemain de l’intervention russe, la dotation nationale pour la démocratie (NED : National Endowment for Democracy) s’empressa de supprimer la trace de l’ensemble des actions qu’elle avaient menées en Ukraine.

Une copie de la version du site de la NED avant l’effacement des dossiers est cependant disponible en cliquant sur le lien ci-dessous :

En conclusion, je me contenterai de rappeler ces mots du brillant Karl Popper que chaque gouvernement devrait appliquer :

« Plutôt que lutter pour des valeurs dites supérieures, l’homme politique devrait se contenter de combattre les maux existants » et de « réduire les malheurs évitables ».

Extrait de «la Société ouverte et ses ennemis »

1 commentaire

  1. Het probleem is dat dit onthullende artikel niet zo nieuw is voor de mensen die het (zoals ik) zullen lezen, en wel nieuw voor de mensen die het niet zullen lezen. Toch waardering voor de onderzoeksdrift, helderheid en moed van de auteur 👍.

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