L’ADDICTION AUX EXPORTATIONS DE L’ALLEMAGNE EST-ELLE UN FACTEUR DE GUERRE ?

Depuis au moins un siècle, nous explique George Friedman, le fondateur de l’agence en renseignement géostratégique et économique, Stratfor, la principale préoccupation des US est la relation Allemagne-Russie.

« Unies », ces nations seraient la seule force capable de menacer les États Unis, et « nous devons nous assurer que jamais cette union puisse devenir une réalité » déclarait il y a 9 ans, George Friedman lors d’une conférence organisée par le Chicago Council on Global Affairs.

Dans son allocution, il évoquait un aspect essentiel, à savoir, l’addiction de l’Allemagne aux exportations qui constituerait selon lui une dépendance, c’est-à-dire une faiblesse.

Intégralité de la conférence

A titre d’ordre de grandeur, il faut rappeler qu’en 2022, le rapport entre la valeur des exportations allemandes et son PIB était de 50,24 %.

Plus de la moitié des exportations allemandes est absorbée par l’UE. Pour l’Allemagne exportatrice, la création de l’UE visait donc principalement à construire un espace de libre échange lui permettant d’assurer l’écoulement de ses produits.

Selon le narratif allemand, cette capacité hors du commun à exporter non seulement résulterait de son exceptionnelle efficacité industrielle mais profiterait aux autres membres de l’UE en contribuant grandement à la satisfaction de leurs besoins.

En 2015, la Grèce voyait les choses autrement et considérait que la crise que traversait l’Europe était principalement le résultat de l’addiction de l’Allemagne aux exportations et de la manipulation par l’Allemagne de l’Union Européenne aux fins de maximiser toujours plus ses exportations.

Ainsi le cours de l’Euro fut toujours orienté de manière à répondre aux seules exigences allemandes, à une double contrainte intrinsèquement germanique.

Il s’agissait de situer ce cours dans une fourchette permettant de prévenir l’inflation en Allemagne tout en facilitant les exportations allemandes, et ce, quand bien même un euro trop fort aurait pénalisé les exportations des nations sud-européennes.

C’est ainsi que politique la de Bruxelles fut systématiquement conçue pour épouser au mieux les intérêts allemands. Pour ce faire, des moyens énormes furent alloués à toutes sortes de think tanks ou d’ONG chargés d’influencer les institutions européennes et les opinions publiques dans le sens voulu par l’Allemagne. (Cf. travaux de l’EGE).

Quant au mariage du couple technologie et capitaux allemands, et des matières premières russes, selon George Friedman, il représentait pour les US une menace effrayante.

Aujourd’hui, l’industrie allemande a perdu en compétitivité. La question des débouchés est cruciale. Les exportations massives de l’Allemagne à travers ses industries servent à financer et permettent le maintien de son système de protection sociale.

De la même façon que le cocaïnomane ne peut se passer de sa coke, l’Allemagne ne peut s’empêcher de satisfaire son addiction aux exportations.

C’est pourquoi, investir dans la guerre en Ukraine pour générer de la destruction et par conséquent des débouchés, pourrait être une tentation pour l’Allemagne. 

A cet égard, Schwab et Mallaret dans « Covid 19 : la grande réinitialisation » (2020) outre la promotion de l’idée selon laquelle les gouvernants doivent toujours exploiter les crises pour faire avancer certains agendas, évoquent les effets économiques d’une guerre militaire.

Un passage qui compare les effets d’une pandémie avec ceux d’une guerre, laisse penser que la guerre, économiquement parlant, n’est pas une mauvaise chose :

« L’histoire montre que les épidémies ont été à l’origine des grandes réinitialisations de l’économie et du tissu social des pays.

« Pourquoi en serait-il autrement avec la covid-19 ?

« Un document précurseur sur les conséquences économiques à long terme des grandes pandémies à travers l’histoire montre que les répercussions macro-économiques importantes peuvent persister pendant 40 ans avec pour effet de faire baisser considérablement les taux de rendement réel.

Les guerres ont quant à elles les effets inverses. Elles détruisent les capitaux contrairement aux pandémies. Les guerres déclenchent des taux d’intérêt réel plus élevés ce qui implique une plus grande activité économique tandis que les pandémies déclenchent des taux réels plus faibles à l’origine d’une activité économique ralentie »

Aujourd’hui, le paravent des valeurs ne trompe plus personne, si ce n’est les esprits naïfs et crédules. Seule la géoéconomie permet de rendre compte des positionnements géopolitiques des États.

Enfin, à titre de conclusion et sur la guerre en Ukraine, nous invitons le lecteur à visionner cette interview réalisée par Christiane Amanpour, de Victoria Nuland, celle qui nommait le Premier ministre ukrainien en 2014 au moins 3 semaines avant la chute non prévisible du président régulièrement élu :

Victoria Nuland : Christiane, j’ai la ferme conviction… qu’après avoir entendu l’Europe qui, soit dit en passant, elle-même a dépensé 54 milliards d’aide supplémentaire, nous ferons ce que nous avons toujours fait, c’est-à-dire défendre la #démocratie et la liberté dans le monde, pas seulement pour les victimes de tyrans comme Poutine, mais dans notre propre intérêt de préserver un ordre international libre et ouvert.

C’est ce que nous devons faire, nous l’avons déjà fait.

Et d’ailleurs (by the way), nous devons nous rappeler que la majeure partie de cet argent (the bulk of the money) est directement réinjectée dans l’économie américaine pour fabriquer ces armes, ce qui inclut des emplois bien rémunérés dans une quarantaine d’États à travers les États-Unis.

L’intonation du « by the way » qui précède « we have to remember that the bulk of this money is going right back into the US economy to make those weapons including good paid jobs in some forty states across the United States” est très révélatrice.

Pour visionner la vidéo : https://www.tiktok.com/@jfledrian/video/7339451114682666272

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