LA TRANSMISSION DES CROYANCES RELIGIEUSES AUX ENFANTS : EXEMPLE DE LITTERATURE RELIGIEUSE ENFANTINE

Aujourd’hui, sur les plateaux de télévision, dans les hémicycles de l’assemblée nationale et du Sénat, au sein des services spécialisés de l’état, le problème de la radicalisation se présente principalement suivant deux volets.

Sur la page d’accueil du site du secrétariat général du Comité interministériel de présentation de la délinquance et de la radicalisation, on peut remarquer que le vocable « Radicalisation » côtoie à sa droite le terme « Délinquance » et à sa gauche les mots « Islamisme et séparatisme ».

Le risque de passage à l’action violence attachée à une certaine forme de radicalisation doit effectivement être traité, de même que la lutte contre le séparatisme doit être menée.

Pour autant, un sujet d’importance dont la protection de l’enfance pourrait se saisir n’est absolument pas mis en avant. Il s’agit de l’instruction religieuse transmise aux enfants par leurs parents, par des référents religieux ou au moyen de la littérature religieuse enfantine.

L’entre-soi qui règne au sein des communautés salafistes devrait susciter le questionnement suivant :

Un enfant qui n’est pas encore armé cognitivement, qui ne dispose même pas d’un embryon d’esprit critique, auquel on enseigne l’inégalité homme/femme, le créationnisme ou toutes sortes de superstitions, que l’enseignement scolaire réfute à raison, est-il la victime d’un abus de faiblesse ?

L’Article 223-15-2 du code pénal, évoque l’exercice de pressions graves visant à altérer le jugement « d’une personne vulnérable ou en état de sujétion psychologique » afin de « conduire un mineur à un acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciable ».

Tout spécialiste du droit, pourra invoquer le principe de légalité et d’interprétation stricte de la loi pénale, pour considérer à juste titre que ce type transmission intergénérationnelle ne peut pas tomber sous le coup de l’article susvisé, d’autant que l’élément intentionnel, la volonté de nuire à son enfant ne correspond pas à l’état d’esprit des parents qui enseignerait l’inégalité des sexes et/ou le créationnisme et/ou l’intolérance, la croyance en la falsification par les chrétiens et les juifs de leurs écritures et/ou l’idée que toute la science de l’univers est contenue dans le Coran[i].

Cependant, même si l’infraction pénale visée à l’article 223-15-2 n’est pas constituée, une autre question se pose :

Inculquer aux enfants, que ce soit directement ou par la mise à disposition de contenus provenant de la littérature religieuse enfantine, des représentations manifestement erronées et disqualifiées par la science, ne revient-il pas à déscolariser symboliquement son enfant, en disqualifiant de fait une partie du contenu obligatoire de l’enseignement scolaire ?

En effet, comment un enfant convaincu que le Coran est la seule vérité et contient tout le donné scientifique de l’univers, pourrait ne pas disqualifier tout ou partie de l’enseignement scolaire qui le contredirait et dès lors perdre toute confiance voire entrer en conflit avec l’éducation nationale ?

Ces questions ne sont-elles pas essentielles pour une société préoccupée par l’idéal de perfectionnement de l’esprit humain ?

Le problème étant posé, afin d’étayer mon propos, j’examinerai en premier lieu, un exemple de littérature enfantine, puis esquisserai succinctement quelques conséquences résultant de l’incorporation dans un système de croyances enfantin de schèmes et/ou systèmes de pensée que ce type de littérature véhicule.

Exemple de littérature religieuse enfantine

Afin d’être le plus didactique possible, nous avons sélectionné quelques morceaux choisis tirés de deux livres pour enfant[i]« Le Coran expliqué aux enfants » que nous désigneront « CEE » et «40 Hadiths…40 histoires… » pour lequel nous utiliserons l’abréviation « 40Hs ». 

Chaque thématique fera l’objet d’un commentaire comprenant notamment un éclairage dogmatique.

Thèse de la falsification des écritures par les juifs et les chrétiens : L’Islam, la seule vraie religion

« D’autres (les juifs et les chrétiens) avaient reçu la révélation mais ils l’avaient transformée pour avoir des privilèges. » (CEE Page 63) – « Il changèrent les paroles d’Allah » (CEE Page 64)

Cette narration vise à accréditer l’idée que les juifs et les chrétiens auraient falsifié leurs écritures et que l’Islam viendrait corriger les Canons juif et chrétien pour constituer la « vraie religion » CEE 64

Souvent, en provoquant des discussions croisées et interactives avec des musulmans, des juifs et de des Chrétiens sur les réseaux sociaux, j’observe fréquemment l’interlocuteur musulman affirmer en toute naïveté que l’Islam est venu « corriger » les deux autres monothéismes.

Cette représentation m’a souvent surpris puisqu’en tant que catholique, désormais non pratiquant, j’assistais pendant ma jeunesse à des séances de catéchisme, au cours desquels, jamais je n’entendais le catéchète comparer le christianisme au judaïsme ou à l’Islam et encore moins affirmer que le christianisme était la vraie religion.

Il est surprenant de constater ce type d’affirmations de la part de musulmans mais encore plus la présence de ce dogme qui confine à l’intolérance religieuse dans un livre pour les enfants musulmans, et ce, sans aucune contextualisation.

Le châtiment des infidèles (notamment ceux qui n’ont pas accepté Mohammed comme prophète )

Le verset 6 de la sourate 98 est ainsi reproduit dans ce livre pour enfant :

« En vérité, les infidèles parmi les gens des Ecritures (juifs et chrétiens qui ne se sont pas soumis à Mahommed) ainsi que les idolâtres seront voués au feu de la Géhenne où ils vivront éternellement ; Ce sont les pires de toutes les créatures. » (CEE page 63)

Selon cette sourate que ce même livre expose aux enfants, ceux qui ne se soumettra pas au message de Mohammed, seraient « voués au feu de la Géhenne. »

À aucun moment ce verset n’est conceptualisé et son caractère conjoncturel affirmé.

L’exposition de jeunes enfants à ce type de contenu pose notamment la question de l’image, qu’une fois confronté à ce verset, ils peuvent se faire notamment des français athées.

Certains répondront que ces versets du Coran peuvent être admissibles s’ils sont contextualisés. Cependant, en l’espèce, ce n’est pas le cas.

« Toutes les créatures sont crées par couple : Il faut toujours un mâle et une femelle.»

« Toutes les créatures sont crées par couple : Il faut toujours un mâle et une femelle pour faire un enfant, que ce soit chez les animaux ou même chez les plantes» (CEE page 17)

Certes, la procréation au sein de l’espèce humaine nécessite effectivement la combinaison de gamètes mâles et femelles.

En revanche, ce n’est pas le cas pour toutes les espèces puisque la parthénogénèse, c’est à dire la division cellulaire à partir d’une gamète femelle non fécondée existe. C’est le cas du requin marteau par exemple.

Cet exemple montre donc que ce type de publication expose le jeune enfant à un contenu manifestement faux et que les rédacteurs ne s’embarrassent aucunement de la vérité scientifique.

Littérature enfantines et superstitions

« Quand on se frotte les dents on se purifie la bouche et on obtient en même temps la purification du Seigneur » (40Hs Page 39)

« Quand l’un de vous voit en rêve ce qu’il n’aime pas, qu’il postillonne trois fois à sa gauche et qu’il invoque trois fois la protection de Dieu contre le Diable. Et qu’il tourne sa tête de l’autre côté pour dormir. »(40Hs Page 43)

« Lorsque le serviteur musulman – croyant – accomplit les ablutions : Quand il se lave le visage, il voit partir avec l’eau les péchés qu’il a commis en regardant les choses interdites. Lorsqu’il se lave les mains il voit partir avec l’eau les péchés qu’il a commis par ses mains. Lorsqu’il se lave les pieds, il voit partir avec l’eau les péchés qu’il a commis jusqu’à ce qu’il en sorte propre de tout péchés. » (40Hs Page 53)

« Dieu le très-haut a dit : « Lorsque j’éprouve Mon serviteur en lui ôtant les deux choses qu’il chérit (les yeux) et qu’il se montre patient, Je lui compenserai (cette perte) par le Paradis. » (40Hs Page11)

Ces passage sont des exemples de transmissions de superstitions et contribuent à entretenir un type de pensée archaïque.

Conséquences de l’incorporation dans un système de croyances enfantin de schèmes et/ou systèmes de pensée que ce type de littérature véhicule.

Ce type de littérature, outre le fait qu’il peut induire une forme d’intolérance ou de sentiment de supériorité vis-à-vis des non-musulmans, participe surtout à l’incorporation de systèmes de pensée fondés sur des croyances qui de fait limitent pour le futur la possibilité de pratiquer l’examen critique de ces propres croyances par le petit enfant musulman arrivé à l’âge adulte.

Il conviendrait également d’étudier les phénomènes de dissonance cognitive induits par la difficile cohabitation entre le résultat d’un raisonnement faisant appel à la logique et à la rationalité, et la subsistance de superstitions et de dogmes auxquels l’individu aura été exposé durant l’enfance et auxquels il sera affectivement attaché.

A titre d’exemple, ce type de littérature ayant pour but d’ancrer certains dogmes dans l’esprit du jeune enfant comme par exemple, celui du Coran, Parole littérale de Dieu peut enfermer l’enfant devenu adulte dans un système de double contrainte.

A plusieurs reprises, j’ai mené l’expérience suivante sur les réseaux sociaux :

Après discussion amicale mais argumentée avec des musulmans, je leur posais la question suivante :

« Selon vous, Adam et Eve ont-ils existé ? »

Je n’ai jamais obtenu une réponse simple à cette question. Tout au plus, on m’a parfois retourné la question suivante : « Croyez-vous en l’évolution ?« 

Finalement après réflexion, j’ai compris où se situait la difficulté. En posant cette question, je mettais certains musulmans devant une double contrainte que l’on peut exposer comme il suit :

Une réponse négative induisait que le contenu du Coran n’était pas littéralement vrai. Or admettre cela revenait à violer un interdit en quelque sorte intériorisé depuis la petite enfance. En d’autres terme, l’expression d’un simple non n’était pas supportable pour les musulmans que j’interrogeais.

Pour autant, je n’ai jamais obtenu de réponse positive. Selon moi, la crainte d’être tourné en dérision ou de subir une moquerie dissuadait le musulman à qui je posais la question de déclarer que réellement Adam et Eve avaient existé, puisqu’au fond ce n’était pas sincèrement sa conviction.

Cette exemple pourrait paraître anecdotique si Tilman Nagel, le grand orientaliste et islamologue allemand ne s’était pas exprimé en ces termes :

« Même un musulman se cassera parfois la tête sur le manque de plausibilité de certains énoncés des textes faisant autorité, mais les doutes naissants doivent être étouffés par le renvoi au miracle ».

[i] « Le Coran expliqué aux enfants » (Editions Tawhid, 6 impasse Victor Hugo 69003 Lyon)

 « 40 hadiths… 40 histoires… » (Edition Orientica)

[i] https://www.bismillah-debats.net/Les-miracles-scientifiques-du,320.html

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